Partie 1
Imaginez que vous êtes en train de vous baigner en mer Méditerranée, avec une centaine d’autres personnes autour de vous ! Vous entendez les rires autour de vous. L’ambiance est à la détente et au bien-être.
Quand soudain des cris de surprise retentissent, suivis de plusieurs autres plus angoissés. Vous vous rendez compte que vous êtes sur le qui-vive. Votre corps s’est déjà raidi, attentif à cette pulsion animale qui l’incite à fuir.
Du coin de l’œil vous percevez la brusque disparition d’une personne sous l’eau, suivie d’une autre, puis d’une troisième. Quand vous vous retournez pour cibler le danger, vous ne voyez qu’une flaque rouge sang qui s’élargit à la surface de la mer.
Et c’est là que vous apercevez les ailerons de requins… (1)
La terreur vous submerge. Votre instinct de survie prend le contrôle. La fuite est votre seule issue. Mais d’où vient la menace ? Elle semble être partout ! Elle vous piège dans un brouillard d’impuissance, de sueur froide et d’incrédulité… Et c’est la panique.
C’est la première fois que vous touchez du doigt votre propre mort et ce ressenti va s’inscrire au fer rouge dans votre âme, peut-être pour des semaines, voire des mois, ou même des années. Avec cette question latente qui restera en suspens telle une épée de Damoclès : « Et si la prochaine, fois, la victime de ce carnage aveugle, c’était moi ? »
C’est cette même peur profonde, instinctive, qui s’est déclenchée avec les attentats du 13 novembre dernier. Charlie Hebdo était encore dans les pensées. Mais c’était différent, puisque dans ce contexte, la cible était déterminée. On était parvenu à mettre cet épisode sanglant dans un coin de notre cerveau et à rebondir pour continuer notre vie. Ce n’était pas cette attaque aveugle de vendredi dernier, qui ramène à l’animalité de l’homme. A cette capacité de certains êtres humains à faire un mal sans limites, sans états d’âme ! A cette compréhension instinctive que la bête assoiffée de sang va continuer à chasser et à frapper, si rien n’est mis en œuvre pour la contrer. Inutile de penser qu’elle nous oubliera, si on la laisse tranquille. Au contraire, elle a goûté au sang facile, elle reviendra. C’est ce que nous murmure notre instinct… et il a raison.
Parce qu’avant, on se croyait en sécurité. On pensait que tous ces attentats à l’étranger, vécus au travers de l’écran de notre TV, étaient bien loin de notre quotidien aseptisé. On aimait à croire que cette violence gratuite, qui frappe au hasard et à l’improviste, était réservée à des pays moins civilisés. On ne voulait pas voir que cette guerre de l’ombre était à nos portes, qu’elle n’était pas réservée à certaines zones du monde, mais qu’elle était mondiale. On ne voulait surtout pas expérimenter cet état de peur constant dans lequel vivent les habitants d’autres pays depuis plusieurs générations.
Mais la réalité nous a rattrapé !
Alors pour retrouver un semblant de contrôle sur nos émotions et nos vies chamboulées, nous essayons d’analyser les faits, de comprendre l’incompréhensible, à savoir pourquoi nous sommes attaqués. Et surtout nous voudrions comprendre comment ces jeunes musulmans français en sont arrivés à se rebeller contre cette terre française qui les a vu naitre.
La deuxième partie de cet article
concernera l’explication de l’émotionnel des kamikazes
et sera disponible sur le site d’ici 15 jours…
(1) Cet exemple s’appuie sur le symbolisme véhiculé par les croyances populaires et renforcé par le film « Les dents de la mer ». Or un requin n’attaque pas spontanément les humains. Les accidents surviennent par méprise : il confond les mouvements natatoire des hommes avec ceux des otaries, qui font partie de leur chaîne alimentaire.
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